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Troubles psychiques des adolescents



Nous ne naissons pas avec notre personnalité toute formée. Elle est en partie formée tout au long de nos expériences et de notre éducation. Les influences de la culture ambiante sur la personnalité existent aussi. Elles forment une sorte de strate d’incrustation des dispositions mentales partagées dans le psychisme des individus. Pour Karen Horney (La personnalité névrotique de notre temps, 1937), notre culture propose aux hommes une série très typique de quatre situations-problèmes à résoudre. Ces situations-problèmes sont : la situation de compétition, la situation d’échec, la situation de solitude affective et la situation de défiance. Ces situations sont caractéristiques de notre culture industrielle Tous les problèmes contenus dans ces situations typiques sont des problèmes de relation à autrui. La confrontation permanente avec ces problèmes inculquent aux hommes un « sentiment d’insécurité interactionnelle de base » (peur de l’échec des relations). Pour éviter l’angoisse interne que fait naître ce risque d’échec dans les relations affectives, nos contemporains mettent en œuvre des « stratégies d’évitement ». Ces stratégies sont les « attitudes névrotiques de notre temps », attitudes non naturelles, suscitées pour répondre à ces situations non naturelles fabriquées par notre civilisation. Face à ce risque, les dix attitudes névrotiques repérées par Karen Horney se regroupent en trois grandes modalités d’évitement :

- le besoin névrotique d'affection et d'approbation : « Je recherche essentiellement l’affection et l’approbation »,

- le besoin névrotique d'être pris en charge : « Je veux à tout prix être accompagné » et,

- le besoin névrotique de se retirer de la vie : « Je cherche surtout à me protéger de l’environnement et des autres ».

Ces stratégies sont essentiellement défensives. Elles s’intègrent aux personnalités sous forme de scénarios rituels d’interactions pilotés par les prémisses liées aux « besoins névrotiques ».

 

Les études pionnières des anthropologues culturalistes et psychanalystes sur les influences psychiques des situations culturelles rencontrées datent des années 1930. Mais les psychologues contemporains ne sont pas en reste car des situations culturelles dominantes nouvelles se sont imposées avec évidence et crées des personnalités dépressives. Le psychologue américain Jonathan Haidt note avec bons sens, qu’autrefois (dans les années 50-60), les enfants de 7 à 15 ans jouaient, dans la rue, dans les parcs, dans divers espaces publics … avec leurs copains (filles ou garçons). Les échanges étaient directs, exigeant la « présence au monde », la maitrise des relations conflictuelles ou affectives. Les jeux exigeaient l’invention et le respect mutuel de règles. Ces activités ludiques mettaient en œuvre des interactions naturelles et claires, montraient les habiletés des plus doués que les autres voulaient imiter …  Ce type de jeux, avec quelques dangers de petites blessures physiques, c’est, rappelle ce psychologue, ce dont ont besoin tous les primates pour appréhender la réalité de la vie en société. Les enfants ont besoin de prendre des risques pour apprendre à évaluer et maîtriser les dangers. Désormais, quelle est la situation rencontrée par tous les enfants nés dans les années 1990-2000 ? Ils sont fixés, du réveil à l’endormissement dans leur lit, sur leurs smartphones. Cet outil a pris le dessus sur tout le reste. Fini les contacts et exercices réels. Ils sont aux prises avec un autre univers. Pour les filles, c’est en grande partie, la confrontation avec des filles magnifiques qui mènent une existence de rêve. « Ce qui les pousse à vouloir correspondre à des normes imposées et impossible à satisfaire ». Dans tous les cas, dit Haidt, autour de 2012, les chiffres de la santé mentale des filles se sont détériorés (anxiété, dépression et suicide) plus vite que pour les garçons. Pour les pré-adolescents et les adolescents, le monde réseautique leur propose des jeux en ligne dévaluant leurs forces physiques, un accès illimité à la pornographie les coupant des relations affectives normales, des échanges artificiels et imaginaires avec des inconnus souvent haineux, des vidéos et des informations les enfermant dans des pensées autoreproductrices …


Bref, pour les unes comme pour les autres le psychologue conclut que tout cela conduit ces jeunes gens aux « sentiments de solitude et d’inutilité » et, ce sont alors ces deux sentiments qui mènent à la dépression et aux autres problèmes de santé mentale que connait la jeunesse. La majorité des jeunes de notre temps possèdent donc un « trait » de personnalité « dépressif ». Ces analyses, pour Haidt, sont corroborées par les courbes montrant l’augmentation, à partir des années 2010 : des cas de dépression ; des visites aux urgences pour des actes d’automutilation ; des maladies mentales chez les étudiants ; des taux de suicide chez les adolescents … (Jonathan Haidt, Génération anxieuse, 2025).

 

 

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