top of page
Ne manquez pas un article.
Souscrivez ici.

Formation d’un islamiste radical


Les fanatiques radicalisés de tous bords sont de plus en plus nombreux autour de nous. Il en existe en politique, dans les divers mouvements sociaux (écologistes, véganistes, complotistes, racistes…), et, bien entendu, en religion. Examinons le cas de la formation d’un islamiste : un fanatique capable de tuer ceux qui ne sont pas de son culte.

 

1-      Une éducation religieuse


Omar Youssef Souleimane, syrien de trente ans, nous raconte sa scolarité passée en Arabie saoudite avant son retour en Syrie, puis sa fuite en France à cause de la guerre (Le petit terroriste, 2018). Dans son ouvrage il nous remet en mémoire ce qu'est une éducation à la saoudienne. Les contempteurs de notre système éducatif qui promeut l’esprit critique pourront comparer. Pour Souleimane, dans le système éducatif saoudien, il y a trois éléments fonctionnant ensemble :

1°) des répétitions inlassables de formules prescrivant les bonnes conduites et les bonnes pensées à avoir,

2°) l'apprentissage par cœur de ces mêmes formules et,

3°) des éléments punitifs venant de l'entourage social.

L'école a l'essentielle mission de former de bons musulmans, qui connaissent et respectent le coran. Pour ce faire non seulement le programme est largement coranique mais les élèves entendent des centaines de fois par jour les adiths du Coran (« adiths : communications orales du prophète pris comme principes de gouvernance personnelle et collective »).

Une éducation islamique c’est, comme le dit Gérald Bronner, une « préparation cognitive » dans un marché restreint de principes (La pensée extrême, 2016). Après une telle éducation, les millions de fidèles musulmans ont intégré des règles de conduite telles que celle que rapporte Étienne Delarcher dans son enquête édifiante auprès de 70 imans de France (Au cœur de l’islam de France, 2024). Les adeptes de cette religion ont assimilé une série de croyances contenues dans les prêches répétitifs : « la femme n’a pas le droit de sortir sans la permission de l’homme », « la femme  ne peut pas dire non, c’est une obéissance obligatoire », « il est interdit de serre la main à une femme », « il faut couper la main d’un voleur, car la prison est une règle humaine qui ne dissuade pas assez »…

 

Mais, un musulman pratiquant n’est pas encore un « islamique » dont l’idée essentielle, celle qui finit par envahir tout son psychisme, est de supprimer les incroyants. Un musulman pratiquant, bien que mal à l’aise dans notre société qui ne correspond pas aux préceptes de son culte, ne va pas encore assasiner son prochain mécréant non-croyant. « Le monde tel qu’il est (n’est pas encore) conçu comme une agression, cette agression de tous les instants qui autorise… tous les réglements de compte… de la part de ceux qui détiennent la vérité » (Gérald Bronner, La pensée extrème, 2016). Il faut deux déclics supplémentaires et un rêve concernant le futur pour que les commandements de la religion entrainent des passages à l’acte homicidaire.

 

2-   Une famille perturbante.

 

Dans une famille musulmane il y a diverses cohabitations qui perdurent : les fils mariés avec leurs parents, souvent la parentèle proche, les diverses femmes du mari, les enfants demi-frères ou demi-sœurs… Il y a aussi, en occident, le choc perpétuel avec la culture différente de la société ambiante. La modernité impacte l’éthique patriarcale et les rôles traditionnels et entraine de nombreux divorces. Beaucoup de pères sont désarçonnés et deviennent violents. De nombreuses familles sont ainsi perturbées. Bien que l’islam prône la fraternité et veuille éradiquer tous les facteurs de division, la complexité des relations affectives génère frustrations et jalousie. De nombreux petits enfants n’y trouvent pas leur compte et sont plutôt déstabilisés affectivement.

 

3-      Un malaise ressenti

 

Pour devenir un fanatique il faut, que le fidèle ressente un grand malaise existentiel. Sa position dans sa vie quotidienne doit être vécue comme de plus en plus insupportable. Dans sa famille, à lécole, dans son métier, dans tout son environnement, son identité doit être mise à mal. Il doit penser qu’il n’est pas reconnu à sa juste valeur. Il ne trouve pas sa place. Il a un fort ressentiment et il cherche les responsables de sa situation. 

 

4-      La rencontre d’imams et de mollahs radicaux.

 

Par ailleurs, l’idée évidente du passage à l’acte agressif s’acquiert lors des harangues spirituelles pleines d’injonctions religieuses des imams et des mollahs. Le prêche est essentiellement un discours qui va déterminer l’exaltation résolutoire. En effet, lors d’un prêche, tout ce qui est dit avec conviction extrême rencontre les croyances déjà là. Ces croyances se transforment alors en certitudes. Le fidèle est frappé par des aphorismes puissants, par des exemples imposants qu’il retiendra et qui focaliseront son imaginaire. C’est l’éloquence au service de convictions fortes qui fascine le fidèle. Il est emporté par le torrent des idées qui confortent toutes ses opinions. C’est la force des grands prêcheurs complètement investis dans leurs discours. Ils produisent un éblouissement, un genre d’hypnose qui submerge le fidèle et qui lui indique la voie à suivre pour être élue. 

 

5-      La visée du paradis.

 

Tout ceci, il ne faut pas l’oublier, avec en toile de fond permanente, un rêve : c’est-à-dire la croyance fondamentale (un des piliers de la foi), inculquée par la religion, qu’il existe un paradis musulman pour ceux qui respectent les commandements du culte. Ce paradis est  un endroit où « le Corps jouira des plaisirs physiques, verra de belles choses, goutera aux délicieux plats, fera l’amour sans relâche, ne souffrira plus de fatigue ou de maladie… et, comble de ces plaisirs, pourra voir son créateur » (Le paradis dans L’islam, voyage dans le paradis musulman). Cette situation future fantasmée est toujours présente dans l’esprit des fanatiques islamistes passant aux actes meurtriers. Que leur importe les conséquences terrestres de leurs actes.

 

6-      Le cas de Mohammed Merah

 

Le cas de Mohammed Merah est exemplaire du processus de fabrication d’un fanatique religieux. On retrouve les quatre éléments fondamentaux de la formation du fanatisme, bien qu’ils soient entremélés.

 

Une petite enfance psychologiquement perturbée.

Mohammed Merah passe son enfance à Toulouse dans la cité des Izards, au milieu de gens du voyage sédentarisés.  Il grandit dans un climat de violence conjugale, Face à la brutalité de son père, en janvier 1992, la famille se réfugie dans un foyer éducatif. Après le divorce de ses parents son père s'installe à 500 mètres du domicile familial. Sa mère déménage pour le fuir avec ses frères et sœurs dans un appartement du centre ville. Sa mère, qui fait de nouvelles rencontres, le laisse des journées entières, seul à la maison. Les services sociaux s’inquiètent de son environnement familial violent et chaotique et, à l'âge de six ans, il est placé dans une famille d'accueil.

 

Un conditionnement religieux.

Son père est très pratiquant. Il lui inculque, dès son plus jeune âge, les préceptes du Coran. Sa soeur Souad et son frère Abdelkader seront des salafistes déterminés. Il reçoit une instruction religieuse dans une école coranique à Toulouse. Sa mère épouse en secondes noces Mohamed Essid, père du djihadiste Sabri Essid. Sabri Essid tient régulièrement un étal religieux au marché de Toulouse. Il y fait l’apologie de la vision rigoriste de l'Islam avec l'aide de Fabien Clain, djihadiste français de 10 ans l’ainé de Merah, djihadiste surnommé « la voix de Daech ». Mohamed Merah fait souvent référence au djihad et à la religion. Lorsque Mohamed Merah se retrouve en prison, son frère Abdelkader lui fait parvenir des CD et des livres sur la religion musulmane. En octobre 2006, a 18 ans, une fiche « S » le désigne comme « membre de la mouvance islamiste, radicale, susceptible de voyager et de fournir une assistance logistique à des militants intégristes ». Evidemment il acquiert la coyance au paradis qui attend les bons musulmans.

 

Malaises scolaire et social menant à la délinquance.

Mohamed Merah a une scolarité difficile marquée par des redoublements, des sanctions et des exclusions. À 14 ans le tribunal pour enfants le condamne pour violences volontaires sur ses camarades ; à 17 ans il est arrêté au guidon d'une moto volée ; à 18 ans, il est poursuivi pour vol de portable avec violence et vol de scooter ; il organise des cambriolages ; blesse deux gendarmes lors d’une course poursuite après un vol. D'après Claude Guéant, « il a dans son casier judiciaire en 2012, dix-huit faits de violence à son actif parmi lesquels vols, recels, vols aggravés avec violence, outrages et conduite sans permis »… En échec scolaire, il intègre un CFA et prépare CAP de carossier, il est ensuite embauché par un carossier, il est licencié au bout d’un an.

 

Les rencontres avec des radicalisés du terrain.

À 23 ans, Mohamed Merah va au Pakistan et rencontre Abdul Aziz Ghazi, l’imam radical de la Mosquée rouge (mosquée sunnite d’Islamabad). Il se rend à Miranshah, et entre en relation avec Moez Garsallaoui, un islamiste radical tunisien époux de Malika El Aroud, veuve de l'un des meurtriers du commandant Massoud. Il est admis dans un camp d’entrainement et reçoit une formation au maniement des armes et au combat rapproché. Tous les groupes de djihadistes qu’il rencontre exercent nécessairement sur lui une emprise intellectuelle qui renforce ses convictions (Michel Monroy et Anne Fournier, La dérive sectaire, 1999). Il revient en France et en février 2012 se rend à Zavidovići en Bosnie pour écouter le prédicateur extrémiste Muhamed Ciftci. Ciftci a fondé une école islamique salafiste privée en Allemagne et a été accusée d’enseigner un islam qui promeut le terrorisme. Bien qu’il soit déjà largement radicalisé, Mohamed Merah recherche donc toujours des autorités islamiques pour fortifier ses croyances. 

 

Passage aux actes meurtriers.

Le 11 mars 2012, Mohamed Merah assasine un militaire à Toulouse, le 15 mars, deux militaires à Montauban, le 19 mars, à Toulouse, devant un Lycée juif, il tue un enseignant et ses deux filles, la fille du directeur agée de 8 ans et un adolescent.

 

 

Kommentarer


Derniers Posts
bottom of page