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Doctrinaires de notre temps


Ces idéologues possèdent des principes doctrinaux formant un système de croyances tellement puissant que celui-ci passe par-dessus leur personnalité et gère leurs conduites sociales qui sont essentiellement des agressions. Comme toujours ces principes sont acquis à travers un conditionnement familial ou social, lors d’expériences personnelles choquantes ou encore à travers des situations pénibles.


Les « wokistes »


Pour Jean-François Braunstein (La religion woke, 2024) le wokisme est « une vague d’intolérance… qui vise à déconstruire tout l’héritage culturel d’un Occident accusé d’être systémiquement sexiste, raciste et colonialiste ». Ce philosophe parle précisément des « axiomes de la pensée wokes » : « le barbecue est viriliste », « les mathématiques sont racistes », « le sexe et le corps n’existent pas, seules nos consciences fabriquent le genre », « les genres sont fluides », « il faut se débarrasser de Newton, de Darwin et de Mendel », « la logique c’est raciste », « le mal est dans la société », « il faut séparer les purs et les impurs » … Les wokistes pensent uniquement avec ces préceptes qui ont pour seul fondement une adhésion arbitraire de l’ordre de la foi. Cette « révélation » étant tout de même pilotée par des chocs émotionnels de leur biographie. Il s’agit d’une quasi-religion qui déclare l’existence d’un péché originel : le « privilège blanc ». Ce privilège blanc est à l’origine du saccage de la planète et nous mènera à la destruction du monde.  Ce culte se signale par des rituels (demandes de pardon, confession des privilèges, agenouillements, prières, fresques sur les héros, textes sacrés à lire, séances de repentir…) et se distingue par son refus de raisonner et sa volonté de croire en ses préceptes. Le wokiste ne peut donc pas débattre avec un opposant qui est immédiatement stigmatisé par sa « bien-pensance » (car : « la logique, c’est raciste »). Lors d’une discussion, le wokiste renvoie aussitôt son interlocuteur à des livres de penseurs de son obédience « qu’il faut avoir lu ». Ces textes fonctionnent comme des textes sacrés de référence, des Bibles qui apportent toutes les réponses. Les associations wokes prônent des actions de déconstruction : elles identifient une déclaration ou un comportement « offensant », et, sur les réseaux sociaux, elles appellent leurs adhérents au boycott, elles organisent des pétitions, envoient des lettres de dénonciation…, quelquefois, elles passent à l’action : déboulonnage de statues, jets de peinture sur des symboles de la domination blanche, manifestations diverses contre des personnalités (sabotage de réunions, interdiction de conférences… ). Leurs interventions ressemblent à des séances de défoulement collectifs telles que les organisent les psychothérapeutes pour permettre à leurs patients de décharger leurs tensions. En fait, ces wokistes assouvissent leur haine de la société et de ces coupables désignés que sont les « blancs dominants ». On peut aussi penser avec certains philosophes, que s’engager dans une religion agressive et mettre en œuvre ses préceptes donne un sens à une vie pour des personnes qui, comme le signale Jean-François Braunstein, n’ont pas d’objectifs existentiels personnels forts.


Les véganistes


Les véganistes voient notre société comme une société de sadiques persécuteurs des animaux (« des millions d’animaux sont sacrifiés, dans des conditions horribles, chaque jour »). Au nom des valeurs humanistes (respect de la vie, souffrance animale), écologiques (les ruminants sont responsables de 14 % des gaz à effet de serre), sanitaires (l’élevage et l’abattage favorisent la transmission des virus), ces militants se donnent le droit d’incendier des abattoirs, de détruire des élevages, d’attaquer des boucheries (« la viande, c'est du viol ») … On comprend bien que la sensibilité moderne puisse générer le véganisme (« Je suis devenue végétarienne à l’âge de 13 ans, quand j’ai découvert comment les animaux de ferme étaient élevés... En mangeant un œuf, j’acceptais tacitement qu’en Suisse, des millions de poussins mâles soient déchiquetés vivants ou gazés. Je suis donc passée au véganisme – Angela Martin – »). Pour défendre la cause animale un collectif « Boucherie Abolition » dénonce la « zoocriminalité » et saccage quelques boucheries. Le président de la Confédération française de la boucherie alerte alors le ministère de l'Intérieur pour demander une protection policière. Sur le plateau de Thierry Ardisson, la porte-parole du collectif Boucherie Abolition, compare la consommation de viande à l'Holocauste. L'Animal Liberation Front (ALF), fondé en 1976, s'est fait connaître pour ses actions violentes dont la plus célèbre fut l'opération Bite Black, en 1991 qui consista en une série de raids incendiaires détruisant des élevages destinés à produire de la fourrure… Pour comprendre pourquoi les végans deviennent destructeurs, il faut postuler que leur système de croyances, comme tout système, possède sa dynamique propre laquelle pousse à la mise en œuvre de ses principes constitutifs. Si les bouchers sont des « zoocriminels », il faut arrêter leurs activités. Si la souffrance animale est intolérable, il faut détruire les abattoirs. Pour un végan, la réalisation concrète de son système de principes dogmatiques est une grande satisfaction. C’est une vraie jubilation, pour lui, que de voir bruler un élevage de visons. Comme pour tous les fanatiques, ces actions accomplissant ses croyances, donne un sens profond à sa vie. 


Les indignés


En 2011, à Madrid, le mouvement des indignés 15-M éclot. Puis, des centaines de milliers de personnes se rassemblent dans différentes villes d’Espagne. Les manifestants veulent « changer le monde », « ce qui passe par la fin de la société de consommation, par une société redistributrice, par la garantie de conditions de vie dignes pour chacun… ». La crise économique, le chômage des jeunes, la vision bouchée de l’avenir (avec le mouvement Juventud sin futuro « Jeunesse sans futur »), le rejet de la classe politique, la corruption des affairistes, la crise du logement… et aussi, un livre de Stéphane Hessel : « Indignez-vous ! », sont des causes déclenchantes. En effet, Stéphane Hessel a publié, juste avant, en 2010, son fameux pamphlet. Dans cet ouvrage d’une trentaine de pages, l’auteur dénonce notamment le système économique actuel fondé sur le profit individuel. Il prône l'insurrection pacifique et l'espérance. Il défend l'idée selon laquelle « l'indignation est le ferment de l'esprit de résistance qu’il faut avoir ». Toujours est-il que l’opuscule rencontre un énorme succès (vendu à plus de 4 millions d'exemplaires en France et traduit en 44 langues). Ce qui prouve qu’il répond à un sentiment collectif largement partagé par toutes les populations du monde. Les sociologues avertis pensent que ce mouvement de révolte est à l’origine de quantité de remous de protestation ultérieurs : Printemps Arabes, Geração à rasca au Portugal, Occupy aux USA, Nuits Debout à Paris, Bonnets Rouges en Bretagne, Gilets Jaunes dans toute la France…  Les gens ordinaires vivent donc dans un ressenti d’écœurement devant les nombreuses problèmes de la planète car l’ouvrage mélange « les préoccupations écologiques, la situation des sans-papiers, la dérégulation du capitalisme, la dictature des marchés, le parlementarisme impuissant, la justice lente et inefficace, l’augmentation des denrées et de l’essence, les conflits de territoire en Palestine et les crimes du totalitarisme national-socialiste… ». Ce sont tous là des éléments de l’actualité plutôt pénibles, voire insupportables. Ces événements échappent totalement aux activités et à la volonté des hommes tout-venant. Mais, ce qui est remarquable, c’est que de nos jours, les citoyens lambda sont informés de tous les drames, difficultés et faits divers de la planète. L’homme contemporain est ouvert à tous les vents informatifs, à toutes les « news », vraies ou fausses, véhiculées par les multiples réseaux sociaux et les chaînes d’information en continu. Les présentations de ces événements dans les médias et les réseaux sociaux se font tantôt dans un sens, tantôt dans le sens opposé. Les commentateurs et les citoyens critiques exerçant leur sagacité à contrer leurs collègues et leurs visions des choses pour en fournir une tout autre. Le citoyen anonyme, dont les faibles repères sont ainsi constamment chamboulés, est perdu mais aussi agacé. Sa crispation se transforme en rejet des « tous pourris », ces gens influents à tous les niveaux qui entraînent tous ces désordres et ces injustices. Tout ce contexte façonne dans le mental de ces personnes l’idée « qu’il faut protester et faire ce qu’il faut pour en finir ». Le citoyen anonyme, profitant du temps libre qu’offre désormais notre civilisation de consommation et de loisirs, descend alors dans la rue pour manifester.


Les écologistes radicaux


Compte tenu de l’évolution culturelle de notre société, nous avons tous intégré des normes écologiques. Nous respectons des principes tels que : « il faut préserver la nature », « il ne faut pas jeter ses déchets n’importe où », « il faut ramasser ses détritus et ses sacs en plastiques après un pique-nique ». Nous sommes mécontents de voir des décharges sauvages le long des routes… Ces règles de vie font partie de nous et pilotent nos conduites sociales. Mais nous sommes loin d’être des écologistes radicaux adeptes de la « deep ecology ». Nous n’allons pas attaquer des sites pétroliers pour valider nos idées contrairement aux « vrais écologistes ». Comme pour le wokisme, il s’agit là d’une  nouvelle religion (Christian Gérondeau, La religion écologiste, 2021) Cette religion possède son péché originel (la pollution faite par les hommes), ses auteurs bibliques (Anne Naess), ses rituels de purification (manifestations diverses), ses apôtres évangélisateur (Greta Thunberg), ses actes de foi, c’est-à-dire ses axiomes de pensée, dont les plus importants sont : « il faut démanteler la civilisation industrielle qui pollue la planète », « l’homme n’a pas le droit d’exploiter les ressources de la nature » et « la réalisation de Soi doit se faire en harmonie avec la nature et non en pensant un bien être technologique lié au progrès ». (Mathilde Ramadier, L’Écologie profonde, 2023). Pour les tenants de cette pensée écologique radicale, il faut donc passer à l’action pour arrêter le suicide collectif. Il y a des actions stratégiques à mener : il faut déclarer la guerre aux industries et aux manières de vivre actuelles (Clément Hugo), il faut faire sécession face aux forces industrielles d’extrême droite toujours plus menaçantes, il faut libérer les terres, les animaux, pour que tous arrivent à l’égale dignité humaine (Fatima Ouassak). La mise en œuvre de ces croyances puissantes dépasse la réalisation de « coups médiatiques » (dégradation d’œuvre d’art, enchaînement collectif…). Elle passe par des actes quasi-terroriste : blocage de sites industriels, saccage de matériel de chantier, destruction de recherches agronomiques, attaque d’ouvrages agricoles, arrachage de plantations… Ces actions sont évidemment accompagnées d’agression des forces de l’ordre venues protéger les matériels et les personnels mis en cause. Au sujet de ces actions, beaucoup d’auteurs parlent d’un « intégrisme vert », d’un « écofascisme » ou d’une « écologie punitive » (Yves Roucaute, L’obscurantisme vert. La véritable histoire de la condition humaine, 2022). C’est un radicalisme contemporain qui répond à la peur de l’avenir en agressant des boucs émissaires jugés responsables et en formulant une philosophie de légitimation.


Conclusion


Pourquoi une telle exaspération qui pousse à la hargne et peut virer à la violence à la moindre provocation ressentie ? L’explication est sans doute à rechercher aussi dans les transformations de la société qui fabrique désormais tant « d’enfants-gâtés » et qui produit tant de ressentiment et de frustration comme nous venons de le voir. Pour Fabrice Hadjadj : « Nous sommes aujourd’hui dans une situation spécifique… le progressisme s’est effondré. Nous ne croyons plus aux lendemains qui chantent, et le catastrophisme tend à se généraliser... Désormais, ce qui prédomine, c’est le sentiment de l’imminence d’une catastrophe nucléaire, climatique, génétique… et l’on semble tendre vers ce que l’on pourrait appeler l’antihumain (avec) la technocratie, la deep ecology et la théocratie. » (Regards sur notre temps, 2013). Face à cette situation, de nombreuses personnes au psychisme fragilisé par divers problèmes vécus dans leur enfance, sont choquées par un événement particulier : un privilège constaté, une souffrance animale, une injustice observée, une pollution découverte. L’ébranlement émotionnel ressenti fait qu’elles adhérent alors, pour se stabiliser, à une croyance woke, ou vegane, ou de protestation, ou d’écologie radicale. Cette croyance est donc d’abord un rejet affectif du fait constaté. La croyance se renforce et se structure ensuite progressivement en absorbant d’autres croyances proposées par les groupes doctrinaires présents sur le marché des idées. C’est ainsi qu’un wokiste est capable de vous répondre, sans sourciller : « la logique, c’est raciste ». Ce qui est une affirmation tout à fait lunaire, digne d’un malade mental placé en asile. Ce faisant, il défend son système de croyance qui est le pilier essentiel de sa personnalité psychopathique.


« Ce monde devient invivable » est une opinion très répandue, opinion érigée en principe dogmatique par certains partis politiques qui veulent en tirer profit. En effet, la réponse citoyenne à cette oppression éprouvée est la révolte. Traduite dans les votes, cela donne de très forts partis extrémistes d’extrême gauche et d’extrême droite. Les politiciens qui les dirigent sont eux aussi parfaitement dans l’air du temps. Fini les discussions, les tractations, la recherche de consensus… on veut tout et tout de suite car, on a raison d’une part et, d’autre part, nos valeurs ne sont pas à discuter. Sinon, le chaos, la casse, les sabotages et les révoltes téléguidées des électeurs devenus des « idiots utiles » …

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